La gratitude nous rappelle l’importance de vivre au présent et d’apprécier ce que nous avons. Elle développe aussi notre bienveillance vis-à-vis d’autrui et notre reconnaissance par rapport au bien qu’ils nous font.
« Attention, c’est pas un spectacle. On va applaudir les docteurs qui aident les malades. On va applaudir, d’accord ? » « Oui, bien sûr ». « Super !! On va applaudir !! »
À 20 heures pile, le concert d’applaudissements a résonné dans la cour intérieure de notre immeuble. Comme tous les soirs depuis mercredi. Ma fille était très enthousiaste. Des Bravos, des ouaaaaaaaiiiii, des woooowoooo, déclinaisons à l’infini d’un mot, si lourd de sens, si évident, Merci.
Tout simplement, merci à eux tous.
À taper dans les mains à l’unisson avec des centaines de voisins solidaires, nous avons exprimé notre gratitude et apporté notre soutien à tous les professionnels mobilisés qui œuvrent sans relâche pour sauver nos vies au péril de la leur. En pensant à eux et aux malades, j’ai éprouvé une profonde compassion. Tout à coup, depuis mon balcon, avec ma fille et mon mari, je me suis sentie en sécurité. Je les ai remerciés d’être là tous les deux avec moi, en vie et en bonne santé. Je les ai remerciés pour tous les moments que nous passons ensemble. Je les ai remerciés d’être qui ils sont.
Tout simplement, merci à vous deux.
Si le confinement empiète sur notre liberté, parce qu’on ne peut plus voir nos proches et sortir comme on l’entend, il contribue à sauver des vies, et potentiellement celles de personnes que nous aimons. Souvenons-nous pourquoi il a été mis en place. Rappelons-nous notre motivation. Et rassurons-nous, nous allons en venir à bout, tous ensemble, de ce virus envahissant. Gardons l’espoir car rien de ceci n’est éternel. Quand nous pourrons reprendre le cours normal de nos vies, nous exulterons, nous sauterons de joie, et nous profiterons comme nous n’avons jamais profité, conscients de la chance que nous avons d’exister. Tous ensemble, remercions-nous pour cet effort collectif qui bouleverse nos habitudes mais qui ne nous rendra que plus forts et résilients.
Tout simplement, merci à nous tous.
Pour chacun, cela représente un défi différent. Face aux difficultés, nous ne réagissons pas de la même manière. Certaines limitations vont plus nous troubler que d’autres, au sens où elles vont induire des manques qui nous déstabiliseront. Cela nécessite de prendre sur soi et de puiser à l’intérieur des ressources que l’on trouve plus aisément à l’extérieur, pour, finalement, se sentir libre malgré tout. Il s’agit de faire avec ce que nous avons, de s’adapter, de toute façon nous n’avons pas le choix et puis, rappelons-nous autant qu’il le faut, tout ceci est temporaire.
Restent la peur et l’inquiétude, logiques, évidentes, envahissantes elles aussi.
Si je pouvais donner un conseil, quand le stress, l’anxiété ou l’angoisse vous gagnent, et que vous les surmontez, n’hésitez pas à vous en remercier. Cela aide.
Quand cela m’arrive, la première chose que je fais, c’est de m’arrêter pour m’écouter.
« C’est terrible, ça va durer des mois. Alors que j’avais tellement de mal à m’affranchir de mon mental, voilà que ma liberté se retrouve drastiquement limitée. Je me retrouve à nouveau en prison. Je ne vais pas arriver à me départir de ce sentiment d’oppression. »
Je m’interroge sur le réalisme de ma pensée avant de me pousser à agir.
« Personne ne sait combien de temps cela va durer. Tu n’es pas en prison, cela n’a rien à voir, tu as toujours le moyen de sortir, certes de façon restrictive, mais tu peux le faire en cas de nécessité, tant que tu respectes les règles, ça va aller. Le sentiment d’oppression, au bout de quelques jours, il est déjà moins fort. Tu vas te reconstruire d’autres habitudes et d’autres routines. Profite de ce temps en famille. Continue à rire, lâche-toi, danse, chante, crie, fais du sport, du yoga, médite, raconte des histoires, dévore des livres, dessine, cuisine, et tellement plus encore. Et écris, sans relâche, parce que tu sais que ça te fait du bien et puis tu espères toujours que cela aidera celles et ceux qui te lisent. Les complications adviendront, mais n’y pense pas. Vis dans l’instant. Informe-toi, oui, mais pas à outrance, juste ce qu’il faut pour te tenir au courant. Je vais te le répéter autant qu’il le faut pour que tu te l’imprimes bien dans le cerveau : fais-toi du bien et fais le bien autour de toi aussi. Un coup de fil, un message, un applaudissement depuis le balcon, le respect des règles, tout ce qui est en ton pouvoir pour faire la différence, même la plus minime. »
Enfin, quand le calme revient, je me remercie, et je vais de l’avant.
La gratitude permet de nous rappeler au miracle de l’instant présent. Elle nous éclaire sur l’importance d’apprécier ce que nous avons en arrêtant d’en vouloir toujours plus ou de ne voir que ce qui ne fonctionne pas. Elle développe aussi notre bienveillance vis-à-vis de tout un chacun et notre reconnaissance par rapport au bien que d’autres nous font. Somme toute, elle nous aide à sortir de nous-mêmes, à nous dépasser et à se réapproprier notre vie. Face à la dépression, elle a été une précieuse alliée. Plus que jamais, elle le reste aujourd’hui.
Alors, tout simplement, en ce premier jour du printemps, saison de la vie et de la renaissance, Merci.
Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.