Si l’on me demandait,
« Quel est le pire jour de ta vie ? »
Sans hésiter, je répondrais,
Ce mercredi où ma sœur est partie.
C’était un douze mai, il y a exactement dix ans.
Des images reviennent, je suis tentée de les chasser.
Son cœur qui s’arrête de battre, mon propre cœur en sang.
Nos larmes qui n’ont pas arrêté de couler.
À moi, Papa et Maman.
Mais je sais que je ne devrais pas bloquer quoi que ce soit.
Mes émotions, j’ai appris à les exprimer.
Mes pensées, j’ai fini par les accepter.
Mon passé, j’ai choisi de le laisser couler,
Quand il se rappelle à moi.
Oui, cela me fait mal, un mal viscéral,
De me dire qu’elle ne reviendra pas.
On a beau saisir que la nature a des lois,
Que, quand on meurt, le néant s’installe,
Et qu’il est inenvisageable,
De serrer à nouveau l’être perdu dans ses bras,
On rêverait malgré tout de pouvoir le faire, rien qu’une dernière fois.
Heureusement, l’imagination a un pouvoir sans limite,
Celui de répondre à tous nos désirs,
Alors, prête à raviver la flamme qui crépite,
J’ai fermé mes yeux pour me ressaisir.
Elle était là, resplendissante,
Si belle, si douce, et souriante,
« Viens », m’a-t-elle dit, ma petite-sœur chérie,
Et sur ses épaules je me suis blottie,
Laissant l’amour irriguer mes veines,
Pour voyager au-delà de ma peine,
Dans un monde de tous les possibles,
Où je puisse me sentir paisible,
Et me souvenir,
De ce qu’hier avait de plus beau à offrir.
Quand mes paupières se sont relevées,
J’ai entendu ma fille m’appeler,
« Maman ! Câlin ! »,
Je l’ai vu me tendre ses petites mains,
Pour pouvoir se lover contre moi.
J’ai senti son cœur qui bat,
Et son rire délicieux,
Tendre et mélodieux,
Raisonner ici-bas.
Mes lèvres se sont posées sur ses joues,
Avant de voyager vers celles de mon époux,
Puis j’ai pleinement réalisé,
La chance de les avoir à mes côtés,
Et qui m’incite toujours plus à profiter,
De ce qu’aujourd’hui a de meilleur à donner.