liberté intérieure

Libre d'être soi

En quête de sa liberté intérieure

La liberté intérieure permet de cesser de se soumettre à ses pensées et à ses émotions envahissantes pour pouvoir se réapproprier sa personne.

5 mai 2020

 

Liberté extérieure, liberté intérieure

 

En ce moment, notre liberté est rudement mise à l’épreuve. Il nous est interdit de sortir comme bon nous semble, de voir nos proches comme on le souhaiterait, ou de mener les activités que nous voudrions. On ignore quand est-ce que l’on pourra retrouver notre vie d’avant ; une vie où l’on n’avait pas à se distancier de l’autre par peur de contracter une maladie, une vie où l’on était libre de ses mouvements, une vie où l’on pouvait témoigner de l’affection à ceux que l’on aime sans craindre de les mettre en danger à chaque instant.

 

D’instinct, je dirais, ma liberté n’a jamais été aussi restreinte qu’à présent. Puis, je poserais une nuance, parce qu’il ne s’agit pas de ma liberté au sens large, mais de ma liberté extérieure, celle de faire ce dont j’ai envie, déjà limitée du fait des nombreuses contraintes qui s’exercent généralement sur elle (réglementaires ou économiques, pour ne citer que celles-ci). Ma liberté intérieure, celle qui m’affranchit du joug de mon mental, c’est tout autre chose. La période où elle a plus sérieusement pâti, c’était pendant ma dépression.

 

Un état d’asservissement intérieur

 

Assaillie par une pluie torrentielle de pensées, je me sentais comme prisonnière de moi-même. Exactement lorsque l’on a l’impression d’être diminué dans son propre corps. Petite être implorante recluse dans une cage où personne ne pouvait m’entendre, je luttais contre un monstre créé de toutes pièces par mon cerveau. J’avais peur de ce que j’étais devenue. Je me demandais, suis-je toujours là ou ai-je été happée par mon démon intérieur ? Comment sortir de cet état d’asservissement dans lequel mon esprit s’est laissé aller ? La réponse, je ne parvenais pas à l’appréhender. J’étais tellement embourbée dans ma problématique qu’il m’était impossible de voir au-delà des murs qui me maintenaient captive.

 

Toujours le même refrain

À chaque fois, c’était toujours le même refrain. Je m’inquiète démesurément alors qu’au fond je sais que rien de ce que je prédis ne va se réaliser (la plupart du temps, quand un problème survient, je ne l’anticipe pas). Je m’inflige les pires critiques alors qu’au fond je sais que je ne suis pas la seule responsable ou que j’ai fait ce que j’ai pu dans une situation donnée. Je suis dure avec moi-même alors que les autres se bornent à me dire tout le contraire (« je suis horriblement moche, je ne vaux rien, je suis un boulet » vs. « tu es si belle ma chérie, tu vaux tout pour moi, tu es mon plus beau cadeau ») et qu’au fond de moi, je les crois. À un moment ou à un autre, je parviens à me raisonner. Et puis, cela recommence de plus belle. Je me laisse avoir par des constructions mentales qui n’en finissent plus de me faire du mal. La cage est là, plus solide que jamais, terrifiante et démoralisante, prompte à m’enfermer de plus belle.

 

Se reconquérir

 

Grâce à la thérapie, j’ai compris que, pour retrouver ma liberté intérieure, je devais reconquérir celle que j’étais. Il me fallait apprendre à m’approprier ma personne, celle du présent et non d’un passé révolu, à la connaître réellement, à reconnaître ses forces et ses faiblesses, à savoir ce qu’elle aime ou non, à accepter ses limitations. La seule façon d’y arriver, c’était de me mettre au-dessus de mes pensées et de reprendre les commandes, pour être seule maîtresse de mes décisions. Je n’aurais pu me libérer de mes chaînes en continuant à me laisser envahir par mes émotions ou à leur laisser faire des choix à ma place. Il s’agissait de me détacher d’elles pour les réapprivoiser.

 

Un entraînement au quotidien

 

Aujourd’hui, si ça va mieux, je suis toujours en train d’entraîner mon cerveau, et ce n’est pas évident. Mais, heureusement, avec la pratique, c’est devenu moins oppressant qu’avant. Si de telles pensées ou émotions adviennent, je m’arrête tout de suite. Je cherche à comprendre pourquoi elles sont là. Je me demande si elles sont réalistes et si elles m’aident d’une quelconque manière. Et, enfin, je cherche les solutions qui pourraient me permettre d’aller mieux.

 

Un exemple

La pensée : je ne suis pas une vraie femme. Je suis nulle et non avenue. Je suis condamnée à rester une petite fille.

Pourquoi ? Je n’ai pas de seins.

Quel est le rapport ? L’image que l’on donne d’une femme, c’est un être humain avec une poitrine plus développée.

Est-ce que cela t’aide de te dire ça ? Non. Ça me fait sentir minable.

À ton avis, est-ce réaliste de penser que c’est la société qui définit ce qu’est une femme (ou un homme par la même occasion) ? Non.

Le plus important, n’est-ce pas d’être au clair avec ce que l’on ressent à l’intérieur de soi ? Oui.

Et qu’est-ce que tu ressens, là, maintenant, tout de suite ? Que mon corps, il est comme il est.

Est-ce que tu l’aimes ton corps ? Je ne sais pas.

Est-ce que tu l’aimes ton corps ? … Oui. Je l’aime.

Ça va un peu mieux ? Oui.

Qu’est-ce que tu pourrais te dire pour aller encore mieux ? Chaque femme est unique en son genre. On n’a pas à chercher à ressembler à un idéal. Pour être bien dans sa peau, il faut plutôt agir pour se sentir en accord avec soi-même.

Te sens-tu plus sereine à présent ? Oui. Je suis même en train de sourire à mon écran d’ordinateur. C’est dire. Hihi.

 

La liberté intérieure, ce n’est pas se soumettre

 

Finalement, la liberté intérieure, c’est cela. De ne pas se soumettre. À ses pensées, à ses émotions, à son mental. Et aussi à de fausses contraintes extérieures véhiculées par une pression sociale qui voudrait nous faire croire que pour être heureux, il faudrait être « normal », rentrer dans un moule, se laisser façonner et se ressembler, ce qui, de fait, équivaudrait à nier notre singularité.

 

Pour retrouver la sérénité, soyons satisfaits du corps que nous avons. Apprenons à nous aimer, avec nos qualités et nos défauts, sans se comparer aux autres en permanence. Et s’il est toujours bon d’apprendre, de s’améliorer et de se dépasser, cela ne devrait pas être pour suivre un impératif de performance dans une logique de compétition, mais uniquement pour contribuer à son bien-être et, par extension, à celui de ceux que nous aimons.

 

Alors, la cage disparaîtra. L’être diminué retrouvera sa grandeur et sa splendeur, fort d’une lumière intérieure qui le fera rayonner de mille feux. Il reprendra possession des lieux, en y réinstaurant la paix et l’amour en leur sein. Et, enfin, il sera libre. Libre d’être soi.

 

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.

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