Conversation avec mon corps

mon corps

Conversation avec mon corps

Mon corps, j’ai eu tendance à l’oublier. Il en a pâti en silence. Jusqu’au jour où il n’en pouvait plus, et où il m’a forcée à l’écouter. Lui et moi, il était temps que nous cohabitions pour de vrai.

Conversation avec mon corps

Mon corps, je t'écoute

Pardonne-moi

 

Moi : pardonne-moi.

Mon corps : plaît-il ?

Moi : pour ne pas t’avoir écouté plus tôt.

Mon corps : tout est pardonné, ne t’inquiète pas.

Moi : pardonne-moi.

Mon corps : quoi encore ?

Moi : pour ne pas t’avoir aimé plus tôt.

Mon corps : au risque de me répéter, tout est pardonné, ne t’inquiète pas. C’est sûr que si tu avais réagi avant à mes innombrables messages d’alerte et que tu ne m’avais pas dénigré de la sorte, on ne serait pas descendues si bas toi et moi. Mais voilà, c’est arrivé. Et on n’a pas pu revenir en arrière. On a dû repartir de zéro pour se reconstruire sur de nouvelles bases et, par la même occasion, réapprendre à se connaître parce que, en réalité, tu ne m’habitais pas. Je… je comptais pour du beurre. Waouh. C’est dit.

Ma poitrine : j’ai mal !

Mon corps : c’est la tristesse qui remonte, c’est pour ça. Patience, elle va bientôt ressortir.

 

J’arrêterai

 

Moi : je suis désolée pour tout ce qui s’est passé. Je te promets, maintenant, j’arrêterai. De rentrer mes épaules. De me tenir voutée. De serrer mon ventre parce qu’il est trop gonflé.

Mon corps : ça, admets-le, c’est du grand n’importe quoi. Laisse-le t’expliquer.

Mon ventre : je grossis soudainement comme un ballon quand tu es perturbée. Tu vois cela, ça te fait peur, tu me contractes, ça te stresse encore plus, et je prends encore plus de place.

Moi : j’en ai conscience à présent. C’est un piège dans lequel je suis tombée et cela a été très difficile d’en ressortir. Mais il n’y a pas que ça.

Mon corps : tu vas nous faire toute la liste ? On risque d’y passer beaucoup de temps.

Moi : J’arrêterai de te laisser envahir par les tensions. De négliger mon hygiène bucco-dentaire. De me boucher les oreilles quand je dors.

Mon corps : c’est bien beau, tout cela, mais qu’est-ce que tu vas faire à la place ?

 

J’essaierai

 

Moi : j’essaierai.

De prendre le temps de retrouver une respiration normale quand mon cœur s’emballe.

De me relaxer avant de dormir en espérant qu’un jour, mes dents puissent se relâcher la nuit.

De cesser de te voir comme une enveloppe sans relief et insensible.

De m’arrêter plus tôt quand je te surmène pour remettre de l’ordre à l’extérieur parce que ma tête est chargée.

De m’interrompre à la moindre gêne ou douleur pour tenter de comprendre ce que tu as à me dire – la bouilloire s’emballe, je suis en colère, pourquoi ? ; les nuages recrachent des trombes d’eau, j’ai l’âme en peine, pourquoi ? ; mon ventre se tend, mon sternum se noue, je tremble, j’ai peur, pourquoi ? ; une lumière brille à l’intérieur, je flotte sur un nuage douillet, je suis joyeuse, je ne me demande pas pourquoi, j’ouvre les portes en grand et j’en profite.

 

Continue

 

Mon corps : c’est bien que tu dises, « essayer ». Parce qu’on ne peut pas y arriver à tous les coups. Tu feras du mieux que tu peux. Et puis, n’oublions pas, toi et moi, on a déjà fait plus ample connaissance. En me redonnant de la valeur, tu as rendu ton intérieur agréable et accueillant. Il était temps. En tout cas, tu es sur la bonne voie. Je me sens de mieux en mieux. Alors continue.

À prendre soin de moi.

À faire attention à ta santé.

À me faire bouger au quotidien.

À me gratifier de longues respirations qui me permettent de gagner en sérénité.

À faire attention à ce que tu me donnes à manger.

À me pomponner pour me rendre plus léger.

À rire pour me faire du bien et relâcher les tensions.

À écrire et à inventer de belles histoires pour stimuler ton imagination.

À t’amuser et à ne pas trop te prendre au sérieux.

Et surtout, à ne plus avoir honte,

Quand tu te regardes dans le miroir.

J’ai beau ne pas être des plus harmonieux,

Selon ce que disent certains standards,

Oh combien aléatoires,

Mais ne va surtout pas croire,

Que je suis moche ou disgracieux.

Apprécie-moi tel que je suis, avec mes richesses,

Mes charmes et mes défauts,

Mes forces et mes faiblesses,

Et là, enfin, tu me trouveras beau.

 

Je t’aime, tu sais

 

Moi : mon corps ?

Mon corps :  plaît-il ?

Moi : je t’aime tu sais.

Mes yeux : on est humides !

Moi : oh non, tu es triste ?

Mon corps : bien sûr que non, je pleure de joie !

 

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.