Se redonner une valeur

Se redonner une valeur

Je suis comme je suis

Se redonner une valeur
Autoportrait

En osant dire « Je suis comme je suis », on parvient à s’accepter tel que l’on est pour se redonner une valeur, avec ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses. C’est la grande question de l’estime de soi.

L’absence de valeur propre

Je n’avais jamais été tendre avec moi-même.

Malgré de très bons résultats scolaires, je restais extrêmement modeste. D’une certaine façon, je ne m’attribuais aucun mérite, parce que je craignais qu’on ne me trouve prétentieuse. Jusqu’à maintenant, j’étais incapable de considérer que je pouvais avoir de l’intelligence.

Si je ne reconnaissais pas mes capacités de peur d’heurter l’amour-propre de mes semblables, je dénigrais d’autant plus mon corps, persuadée que je n’arriverai jamais à la cheville des autres filles sur le terrain de la beauté. En cela, les moqueries que j’ai reçues pendant des années ne m’ont pas aidée. J’aurais pu faire abstraction, seulement je n’en avais pas la force.

Puis, grâce à l’homme de ma vie, j’ai retrouvé une valeur. Toutefois, il s’agissait de celle qu’il me donnait, pas celle que je m’attribuais. Je ne croyais toujours pas en moi.

Face à la dépression : l’annihilation

Et, finalement, la dépression a pris ses aises, grignotant d’un seul coup les quelques miettes d’auto-compassion qui nageaient dans les eaux troubles de mon cerveau. Résultat, j’en suis venue à me déprécier pour ce que j’étais et que ce je faisais.

Dans les faits, mon activité cérébrale se ralentissait et se déréglait. Je n’arrivais plus à me concentrer pour lire des textes que j’aurais engloutis auparavant. Pourquoi ? Parce que j’étais tombée malade.

Dans ma tête, c’était tout autre chose.

Au lieu de ne pas assumer mes facilités intellectuelles, je les niais.

Un flot incessant de pensées négatives cherchaient à me convaincre de ma nullité.

Hantée par la peur d’être de trop, de ne pas être à niveau et d’ennuyer les autres, je fuyais les interactions sociales.

Quand je mettais le pied dehors, dès que j’entendais des rires groupés autour de moi, je me sentais visée par des moqueries imaginaires.

Sur le mur du livre de mon inconscient s’accumulaient les commentaires autocritiques.

« N’accepte pas cette invitation à cette fête, tu feras tâche dans le paysage parce que tu n’auras rien à dire. »

« Tu n’arrives pas à lire ce simple article de journal ? Tu es sans espoir, c’est pathétique. »

« Regarde-toi dans le miroir, tu es tellement moche. »

La comparaison empêche de se redonner une valeur

Aujourd’hui, j’ai compris d’où mon entreprise d’annihilation puisait sa force : la comparaison.

J’entretenais la fable de mon inutilité ou de mon immondice en me référant à d’autres êtres soi-disant supérieurs à moi.

« Elle a un physique parfait cette fille. Â côté d’elle, je fais peur. J’aimerais tellement être à sa place. »

« Cette amie dévore tant de livres. Je devrais prendre exemple sur elle. Mais je ne me fais pas d’illusions. Elle m’a toujours surpassée dans tous les domaines. »

« Il fait rire tout le monde. Face à lui, je passe pour une plante verte déconcertante de banalité. »

Peu à peu, j’ai compris les effets destructeurs de cette attitude. Se comparer aux autres ne pousse qu’à se détester davantage et rend impossible le fait de se redonner une valeur.

Chacun est unique

Au fond, nous sommes comme nous sommes, chacun est unique. Cela peut paraître extrêmement banal, mais vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela aide de se le répéter à longueur de temps.

Aujourd’hui, quand je me regarde dans le miroir ou quand j’accomplis une tâche, j’ai cessé de penser aux autres, car ce n’est pas en me disant qu’ils sont plus beaux ou plus doués que moi que je vais me sentir bien dans ma peau.

À un moment donné, j’ai fini par le croire. Et par oser l’écrire. En affirmant à l’intérieur de moi que « je suis belle », je ne clame pas ma supériorité physique vis-à-vis du reste du monde. On ne devrait pas rougir de se redonner une valeur. Je suis belle pour mon époux, ma fille, mes parents, ma famille, mes amis. Pour moi aussi.

Si je veux me maquiller, mettre une jolie robe et des bijoux, ce n’est pas pour rentrer dans le carcan d’une société qui choisirait arbitrairement ce qui fait de moi une femme. C’est parce que, à un moment donné, me parer ainsi me fait du bien. Si, un autre jour, l’envie me prend de sortir de chez moi en bas de pyjama avec les cheveux décoiffés, pourquoi pas ? La vie n’est pas un défilé de mode. Et quand bien même des inconnus poufferaient de rire parce qu’un détail de mon apparence ne serait pas à leur goût, je leur renverrais leur sottise en pleine figure. « Je préfère avoir un corps plat plutôt qu’un cerveau sans volume. » Pourquoi me soucierais-je de ce que les autres pensent de moi ?

Oser se redonner une valeur

Notre existence ne se résume pas à un concours perpétuel qui nous pousserait à briller dans toutes les catégories et à nous autoflageller en cas d’échec, de critique ou face à un tiers qui réussirait mieux que nous dans un domaine. Oui, je ne comprends rien à la bourse, mais je suis capable d’écrire une histoire. J’évolue dans mon univers intérieur, pas dans celui de mon voisin.

Souvent, certains se plaisent à rabaisser les autres pour se convaincre qu’ils ont une valeur, entretenant l’illusion de leur prétendue supériorité. C’est tellement facile de se moquer. Selon moi, pour en arriver à un tel niveau, on ne doit pas avoir une haute estime de soi-même. Arrêtons les conneries. Il n’y a pas de « supérieurs » et « d’inférieurs », de « beaux » et de « moches », « d’intelligents » et de « bêtes », de « populaires » et de « cas sociaux ». Il n’y que des êtres humains. Là, nous pouvons tous nous mettre au même niveau.

Encore une fois, j’ose : j’écris bien. Je suis fière du chemin que j’ai accompli. J’ai une opinion à défendre, une voix à exprimer, et je ne vais pas automatiquement changer d’avis dès que quelqu’un exprimerait un point de vue divergent du mien ou critiquerait ma façon de faire. Je peux écouter, sans me soumettre. Je ne suis pas moins « quelqu’un » que mon interlocuteur.

Si je donne le meilleur de moi-même, je ne suis pas la meilleure. Je suis comme je suis. Je fais de mon mieux. Surtout, j’ai encore tant de choses à apprendre. Il est toujours temps de se remettre en question.

Si je n’avais qu’un conseil à donner :

Osez, vous aussi!

Héléna DAHL
Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente et un ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen, où j’ai travaillé pendant cinq années. Animée par ma passion de l’écriture, j’aspire aujourd’hui à une carrière d’auteure professionnelle. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. J’anime le blog, Des mots pour guérir (https://desmotspourguerircom.wordpress.com/), où je partage mon expérience face à la dépression à travers des articles et des illustrations.