L’aide des proches face à la dépression

L'aide des proches face à la dépression

L’aide des proches face à la dépression

L'aide des proches face à la dépression
L’aide des proches face à la dépression

Si l’aide des proches face à la dépression est fondamentale, c’est parce qu’il est extrêmement difficile de s’en sortir seul. Comme il s’agit d’une maladie complexe, il importe également de les aider à la comprendre.

Le besoin de comprendre

Quand ma grande sœur est tombée malade d’anorexie, j’avais douze ans. Je n’ai pas compris ce qui se passait. D’une part, parce que je n’avais pas la maturité pour, et, d’autre part, parce que je ne disposais d’aucune connaissance sur cette pathologie. En une dizaine d’années, je n’ai pas pu rencontrer une seule personne qui a pu m’expliquer ce qu’elle traversait. Déjà pour mes parents, ce n’était pas facile, mais pour une jeune adolescente, le tableau était d’autant plus illisible. Et, face à un enfant en souffrance, ce n’est pas comme si l’on mettait la priorité sur sa fratrie.

Résultat, je me suis sentie délaissée. J’ai entretenu une colère dévastatrice vis-à-vis de ma sœur, parce que j’estimais que c’était sa faute si elle s’était embarquée dans un régime qui aurait mal tourné. Je lui en voulais car je considérais qu’elle m’avait abandonnée en succombant au caprice d’une faible. C’est cette combinaison d’incompréhension et de méconnaissance qui m’a menée à cette attitude de rejet, que j’ai tant regrettée par la suite.

L’aide de mes proches face à la dépression

Alors, quand je suis tombée malade, j’ai pris vite conscience des difficultés que rencontraient mes proches. Dès le départ, j’ai cherché à expliquer ce qui se passait à l’homme que j’aime, qui était en première ligne, mais aussi à mes parents. C’était difficile car je ne saisissais pas l’ampleur du monstre que j’avais en moi. Je ne réussissais qu’à en attraper des miettes, tellement minuscules qu’elles ne faisaient aucun sens. Et, surtout, j’avais du mal à en parler. À l’intérieur, prisonnière d’un labyrinthe dont je n’entrevoyais pas l’issue, je luttais pour comprendre. Je luttais pour me comprendre.

L’aide des proches face à la dépression : au sein du couple

À mesure que la thérapie avançait, j’ai réussi à mettre davantage de mots sur les maux qui me tourmentaient. Je communiquais avec mon mari sur mon ressenti et mes difficultés et il était toujours là pour me rassurer. Il a fait preuve d’une patience extraordinaire avec moi. S’il me dit encore aujourd’hui que c’est normal, parce qu’il m’aime et qu’il sait que j’aurais fait la même chose pour lui (et c’est une évidence), je lui serai à jamais reconnaissante pour le soutien sans faille qu’il m’a apporté.

Il lui en a fallu, du courage et de la foi, car il m’arrivait d’être désagréable avec lui. De la persévérance aussi, pour me réconforter sans compter son temps quand les pensées négatives me terrorisaient. « Je suis inutile, je suis un fardeau pour toi, je n’ai aucune valeur… » « Non, ce n’est pas vrai, tu n’es pas un fardeau, tu es la femme que j’aime et tu vaux tout pour moi. » Cette phrase, il a dû me la répéter des milliers de fois jusqu’à ce que mon cerveau l’enregistre pleinement. Sans lui, je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui. Je tenais à lui rendre hommage.

L’aide des proches face à la dépression : le rôle des parents

Mes parents ont également été très présents et je leur en remercie du fond du cœur. Après avoir vu ma grande-sœur sombrer dans l’anorexie, la boulimie et la psychose, la dépression leur faisait peur et à raison. À distance, ils se sont beaucoup inquiétés pour moi. Heureusement, il y avait le téléphone. En leur racontant mes progrès au quotidien, je les rassurais. Mais, là encore, je n’étais pas toujours tendre avec eux, que ce soit en ligne ou en vrai. Malgré les coups durs, ils m’ont soutenue chaque jour qui passait sans cesser de m’encourager et de me donner des conseils.

Comment aider les proches face à la dépression

J’aurais voulu apporter autant à ma grande sœur, mais c’est ainsi. J’ai fait ce que j’ai pu avec ce que j’avais. Il est temps que je l’accepte.

Comme je n’avais pas pu l’aider elle, j’ai tenté d’aider mes proches à m’aider.

Ce que je leur ai dit

La plupart du temps, la dépression ne se voit pas, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas présente. À l’intérieur, elle émet un grognement constant. Je n’arrive plus à trouver le repos et c’est pour cela que je me sens diminuée. J’ai l’impression d’être prisonnière de moi-même, d’un moi sournois qui remplit ma tête d’idées noires, me prive de désir et m’ôte la possibilité de savourer l’instant présent.

Quand nous sommes ensemble, je voudrais être là pleinement. C’est n’est pas faute d’essayer, je n’y arrive pas. J’ai du mal à penser à autre chose qu’à mon état mental tant il accapare mon énergie. Aussi, si j’ai l’air absente, si je ne dis rien, si je ne suis pas réceptive à ce que vous dites, si je me mets à pleurer pour un rien et à vouloir m’isoler, ce n’est pas à cause de vous. C’est parce que je lutte et que cela m’épuise. Dans ces cas-là, mieux vaut me laisser un peu de temps seule pour relâcher mes tensions. Puis, même si je ne le demande pas explicitement, n’hésitez pas à venir me voir. Si vous saviez à quel point j’ai besoin de votre affection et de vos mots d’amour.

Dans le cas d’une crise d’angoisse, n’attendez pas avant d’intervenir. Pouvoir m’appuyer sur vos épaules m’aide à me reconnecter au monde réel et m’apporte un précieux réconfort face à l’épreuve que je suis en train de traverser. Surtout, n’ayez pas peur, je suis toujours là. Vous n’avez rien à dire en particulier, quelques mots pour me rassurer peut-être, mais ce n’est même pas nécessaire, car il y a un risque que je ne les entende pas. Seule votre présence compte. Quand je me serai calmée, je vous le dirai.

Ce que je leur ai dit de ne pas me dire

– « Il faut que tu sortes, que tu voies des amis, que tu t’extériorises. »

Mais plutôt de me dire, et sans insistance (une seule fois suffit) : « Quand tu seras prête, sortir ou revoir des amis serait bon pour toi. De temps à autre, je te le rappellerai. Un jour, l’envie reviendra. »

La différence réside dans le « il faut ». Cette assertion me hérissait au plus haut point car je la percevais comme une obligation. Devenue allergique à la pression, je devais faire les choses à mon rythme.

« Ce n’est pas grave, il n’y a pas de problème, ne t’en fais pas, arrête de t’inquiéter, ce n’est pas important, tu te fais des films, c’est irrationnel ce que tu dis… » Sous-entendu, « je ne te prends pas au sérieux. »

Mais plutôt de me dire : « Je comprends que cela te perturbe. Parlons-en plus en détail, explique-moi ce qui se passe. Je suis là pour toi. »

– « Tu dois être courageuse, tu as tout pour toi, tu as une belle vie, alors profite-en »

Mais plutôt de me dire : « Grâce à l’amour que tu reçois, je suis sûr que tu sauras retrouver du courage, que tu réaliseras l’étendue des richesses qui composent ta vie et que tu sauras en profiter à nouveau. »

Merci

Sans l’aide des proches face à ma dépression, je n’en serais pas où je suis aujourd’hui. Je me rends compte de ma chance d’avoir été si bien entourée. Si je me suis accrochée, c’est grâce à toutes les mains qui se sont tendues au long de la traversée. Alors, à toutes celles et ceux qui ont été là, un immense merci. 

Héléna DAHL
Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente et un ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen, où j’ai travaillé pendant cinq années. Animée par ma passion de l’écriture, j’aspire aujourd’hui à une carrière d’auteure professionnelle. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. J’anime le blog, Des mots pour guérir (https://desmotspourguerircom.wordpress.com/), où je partage mon expérience face à la dépression à travers des articles et des illustrations.