Les bienfaits du cœur sur la main

aider les autres

Les bienfaits du cœur sur la main

Aider les autres fait du bien, autant pour celui à l’origine du geste que celui qui le reçoit. Tendre la main sans rien attendre en retour, c’est une manière de se redonner une valeur et de se dépasser.

Les bienfaits du coeur sur la main

Aider les autres

Aider sans rien attendre en retour

 

Un beau matin, dans le hall d’entrée de mon immeuble, j’ai remarqué un colis posé à même le sol. Curieuse, j’ai regardé sur l’étiquette. Il avait été livré à la mauvaise adresse – à trente numéros près. Je me rappelle m’être dit, ah, dommage pour ces gens, avant d’ouvrir la porte et de m’en aller. Durant les quatre jours qui ont suivi, le paquet est resté à la même place. Puis j’ai pensé, trente numéros, ça ne doit pas être bien loin, et si j’allais le rendre à ses propriétaires ? Encore fallait-il qu’il ne me brise pas le dos car il m’apparaissait bien volumineux. Il s’avérait qu’il était léger comme une plume. Deux minutes à pied plus tard, je sonnai chez des inconnus qui avaient eu le malheur d’avoir quasi la même adresse que moi. Finalement, une jeune femme m’a ouvert la porte. Elle a dû me trouver bizarrement accoutrée pour une livreuse, avec ma robe à fleurs et mes sandalettes. « Bonjour Madame, ce colis a été livré dans mon immeuble, mais je crois qu’il vous était destiné, c’est pour cela que je vous le ramène aujourd’hui. » Son sourire sincère m’a fait sourire joyeusement à mon tour. Les palpitations qui malmenaient quasi constamment mon cœur se sont apaisées. J’avais aidé cette femme sans rien attendre en retour et je me sentais bien.

 

Aider les autres pour se redonner de la valeur

 

Tendre la main de façon spontanée avait eu des retombées positives, autant pour la personne destinataire de mon geste que pour moi-même. Dès lors, quand je prenais le temps de prendre mon temps, quand j’existais au présent hors de l’emprise du nuage sombre de mes pensées, j’ai ouvert les yeux en grand. En me tournant vers les autres, j’ai compris que j’allais progressivement libérer mon cœur de la prison dans laquelle il était enfermé. Et, en faisant du bien autour de moi, je me suis prouvée que j’étais capable de quelque chose, quelque chose de beaucoup plus vaste que ma personne. Je me suis redonnée de la valeur.

 

Aider les autres pour se dépasser

 

Tenir la porte à une voisine surchargée de sacs de course et lui proposer de l’aider à les monter chez elle. Courir à toutes jambes pour rattraper le ballon lancé à une force surhumaine par un petit garçon heureux comme tout quand je lui ai rendu son trésor. Interpeller le client qui me précédait à la boulangerie car il avait oublié sa monnaie. Laisser passer des passants sur un trottoir trop étroit pour y circuler à deux. Rendre des sourires. Témoigner du respect. Faire attention à l’autre parce que, au bout du compte, nous sommes tous des « autres » pour quelqu’un d’autre, des êtres humains amenés à vivre ensemble dans une société que nous avons en commun. Ces actions, même celles dont la portée paraissait infime, ont constitué autant de passerelles sur le chemin de ma guérison. S’il avait été nécessaire que je me recentre sur moi, l’étape suivante pour aller de l’avant, c’était le dépassement de soi.

Aujourd’hui, tout est fait pour nous éloigner et pourtant, quand on regarde autour de soi, quand on tend l’oreille, quand on donne de son temps, on se rend compte qu’on est loin d’être seuls, qu’il ne s’agit pas de soi contre le reste du monde qui nous est forcément hostile mais de nous comme faisant partie d’un tout, qu’on a tous nos problèmes à régler et des joies à partager et qu’au contact d’autrui, on est d’autant plus vivant.

 

Aider les autres à partir de son expérience

 

Comme j’avais regagné ma capacité d’écoute, mes relations avec mes proches se sont rééquilibrées. Je leur disais, « alors, tout va bien dans ta vie ? » Et si l’on me répondait, « oui, enfin, il y a quelque chose qui me tracasse, mais je ne vais pas t’embêter avec mes problèmes parce que tu souffres déjà assez », j’insistais, « non, vas-y, explique-moi, je n’ai pas le monopole du malheur ». À l’occasion, j’utilisais des mots auxquels la personne en face était sensible, parce qu’elle pouvait relier son expérience à mon vécu. J’expliquais, « tu vois, je suis passée par quelque chose comme toi, voilà comment j’ai fait, tu peux essayer peut-être et ça pourrait te faire du bien. »

Alors que je cherchais à me nourrir d’expériences vécues par des tiers souffrant de dépression et qui avaient réussi à s’en sortir, je me suis rendu compte que mon histoire pouvait aussi faire la différence pour certains (et même ceux qui n’étaient pas malades) ; parce qu’ils pourraient se retrouver dans les épreuves par lesquelles j’étais passée et s’inspirer des moyens que j’avais trouvés pour les surmonter. Réaliser que mes tâtonnements, mes ratés et mes petites victoires avaient la potentialité d’éclairer d’autres chemins a résonné en moi pour redonner du sens à mon existence.

 

Aider les autres en faisant attention à ne pas s’oublier

 

C’est ma psychologue qui m’a conseillée de commencer un blog. J’ai mis beaucoup de temps avant de me décider. Se dévoiler de cette façon n’avait rien d’évident au premier abord. Jusqu’au jour où j’ai fait un pas en avant. Vas-y, tu aimes écrire, tu as compris que partager ton expérience peut aider les autres, d’autres le font, mais nos histoires sont toutes uniques, tu pourrais apporter quelque chose de différent, alors lance-toi.

Il y avait un piège à éviter, et je n’y ai pas échappé. En voulant aider les autres, j’ai eu tendance à m’oublier et à mettre de côté mes propres soucis. Alors que, il y a quelques mois, je n’étais pas complètement guérie. J’avais encore des choses à régler. Et, à l’heure où je rédige ces lignes, si j’estime être venue à bout de la dépression, je suis toujours en phase de réapprentissage, comme un enfant qui fait ses premiers pas, ce qui, nécessairement, vient avec son lot de chutes et de désagréments.

J’espère de tout cœur que mes textes apporteront du positif dans vos vies. C’est avant tout pour cela que j’ai choisi de les partager. Mon cœur, qui avait été tant comprimé par mes soins, me remercie chaque jour de pouvoir voyager à son aise. Il a surtout été ravi de faire la connaissance de mes mains. Toutefois, je vous rassure, s’il vagabonde avec joie, il n’oublie pas de revenir à la maison pour s’assurer que je vais bien.

 

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.