10 Mai Aie confiance, crois en toi
À l’école, j’étais une élève studieuse. Mes parents n’avaient de cesse de me valoriser. Mes professeurs reconnaissaient unanimement mes capacités. Mais moi, je ne les voyais pas. J’étais mal dans ma peau. Je n’assumais pas celle que j’étais. Je n’avais pas confiance en moi.
Mes réussites, je les sous-estimais. « 20/20 en maths au baccalauréat ? C’est génial ! » « Oui oui, c’est bien. » Je ne disais pas, « je suis contente de moi », ou alors, « ah oui, c’est vrai, il faut le faire », parce qu’au fond, je n’y croyais pas. De fait, j’avais tendance à me reposer sur mes acquis et à me contenter de ce qui était facile. S’il me fallait sortir de ma zone de confort ou si je devais trimer pour arriver à mes fins, j’étais prompte à la fuite.
De surcroît, j’étais en quête perpétuelle de reconnaissance. Si j’avais peur d’échouer, de faire des erreurs ou de mal agir, c’était parce que quand cela arrivait, je me sentais entièrement remise en question, comme si mon être avait été touché en plein cœur. La moindre perturbation extérieure m’impactait de façon disproportionnée puisqu’à l’intérieur, c’était le néant. Je ne savais pas qui j’étais vraiment. J’ignorais la nature de mes désirs. Je peinais à savoir quelles étaient les forces sur lesquelles j’aurais pu m’appuyer. Je n’avais aucune idée de ce dont j’avais besoin.
La dépression a tout détruit sur son passage. Elle m’a fait croire que je n’étais bonne à rien. Une incapable. Une abomination. Jamais je n’étais descendue aussi bas. Au lieu de diminuer mes capacités, je les niais. Quant à mes jugements ou mes choix, je les déclassais au rang d’absolue imposture. Il m’était inenvisageable d’aller de l’avant.
Jusqu’au jour où j’ai daigné l’écouter.
Moi : Je n’y arriverai jamais. Je suis un pur gâchis.
L’homme de ma vie : Tu vas y arriver. Tu es forte. Tu es un exemple de bravoure. Tu peux le faire.
Grâce à lui, je me suis relevée. Et j’ai continué à cheminer à contre-courant. Cette scène, elle a dû se répéter un millier de fois. Puis, elle s’est faite de plus en plus rare. Parce que, enfin, je croyais en moi.
C’est cette confiance qui m’a aidée dans les moments de doute, en m’insufflant le courage nécessaire pour continuer. Plus je progressais, plus je gagnais en conviction, plus je me sentais mieux. Et ce refrain qui se répétait inlassablement, « je vais y arriver parce que je peux le faire et parce que j’ai envie de vivre. Ça ne veut pas dire que cela sera sans difficulté, les chutes, il y a en aura, les claques, j’en recevrai, les erreurs, elles seront inévitables, mais, coûte que coûte, je m’accrocherai, parce que j’ai confiance que j’y arriverai, parce que j’y crois ».
Si ma confiance en soi s’est accrue, c’est grâce à un travail thérapeutique qui m’a prêtée main forte pour faire face à mes blessures passées (où j’ai trouvé des explications à mon sentiment d’insécurité), me reconnaître une valeur propre, m’accepter telle que je suis et cesser de me remettre constamment en question à travers la pratique de l’autocompassion.
Bien qu’aujourd’hui, cette confiance ne soit pas encore suffisamment solide, au moins, elle existe, et c’est un progrès indéniable. Mon défi, c’est de la faire fleurir pour la laisser enfin s’épanouir.
Ce qui importe n’est pas tant la route que l’on emprunte, c’est de se souvenir qu’il y a une ligne d’arrivée et un objectif à atteindre, même si cela suppose de repasser plusieurs fois par la case départ pour y parvenir. Avec le désir, l’envie d’avoir envie, on arrivera forcément à quelque chose. En faisant du mieux qu’on peut, avec la tête et le corps qu’on a.
Face à ma peur de l’échec et de ne pas faire les choses bien, j’essaye à présent d’agir, tant que faire se peut, consciente du risque de tomber à tout moment, mais que c’est précisément cela qui me permettra d’apprendre. Si je veux m’améliorer, je recommence, en sachant qu’avec l’entraînement et la pratique, la confiance se consolidera. J’ose tenter de nouvelles choses. Je me bats pour ce que j’aime. Je m’investis à cent pour cent dans ce que je fais (l’écriture en est le meilleur exemple). Parce que, enfin, j’ai bien compris que la vie ne se résume pas à une chance du débutant où tout serait servi sur un plateau d’argent. Si on veut quelque chose, il faut redoubler d’efforts pour l’obtenir. Quand j’y arrive, je n’hésite plus à me féliciter et à me valoriser. Et quand bien même je n’y arriverais pas, je me dis que j’ai essayé, et c’est tout ce qui compte.
Hier, j’ai cousu mon premier masque.
Tandis que je ramais laborieusement, ma fille faisait des puzzles avec aisance. Elle a terminé en un temps très court.
– Tu as fini aussi Maman ?
– Non, ma chérie, je suis lente, c’est la première fois que je fais ça, et c’est difficile. J’ai besoin de l’aide de la madame sur la vidéo, et d’y aller doucement. On verra bien ce que ça va donner !
– Oh, moi, je suis plus rapide que toi Maman ! Les puzzles, c’était facile.
– Eh bien, je suis fière de toi. Tu devrais être fière de toi aussi, pour tous les progrès que tu as accomplis. Il y a à peine un mois, je te guidais presque entièrement, et regarde-toi maintenant, tu as tout fait toute seule. Bravo ma choupinette !
– Bravo Maman, toi aussi tu vas réussir !
Je lui ai offert un grand sourire, avant de remettre à l’ouvrage, déterminée à aller jusqu’au bout, quel que soit le résultat.
Quand j’ai fini à mon tour, j’ai pensé, « waouh, super, tu l’as fait. Yes you can ! Félicitations ! Ok, tu as mis trois heures et c’est loin d’être nickel, mais il n’y a rien de plus normal, parce que tu ne sais pas encore bien coudre. Si tu veux aller plus loin, tu pourras toujours trouver une manière de t’instruire. Le plus important, c’est que tu as apprécié cette expérience. La prochaine fois, tu remarqueras déjà tes progrès et tu ressentiras une douce nostalgie en pensant à ton masque bleu roi magnifiquement imparfait. »