30 Mai Un pas de côté
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Ces derniers temps, je me suis sentie plus oppressée que d’habitude. Et nous sommes nombreux à être dans ce cas. La situation que nous vivons, instable et imprévisible, empiète sérieusement sur la satisfaction de nos besoins et nos envies. Dans ce terrain hostile, l’anxiété prend ses aises. La frustration aussi.
C’est frustrant de ne pas pouvoir voir qui on veut, quand on veut, où on veut. C’est frustrant de s’inquiéter à garder ses distances en permanence, y compris vis-à-vis de ses proches. C’est frustrant de devoir être prudent. C’est frustrant d’avoir peur. Tant d’aspects liés à cette crise nous frustrent. On aurait envie qu’on nous rende notre vie d’avant, tout de suite, maintenant. Mais c’est impossible.
La frustration, on apprend – difficilement – à la gérer depuis notre enfance. Elle fait partie intégrante de notre vie. En effet, les choses ne se passent pas tout le temps comme on l’aurait prévu ou comme on le voudrait. Tout le monde est confronté à cette émotion, à des degrés plus ou moins forts.
Quand on y fait face, cela peut nous mettre en colère, nous rendre triste et/ou accentuer nos peurs. L’impatience et le stress augmentent. On se sent facilement à cran. C’est un terreau extrêmement fertile pour les disputes et les incompréhensions.
La clef, c’est de ne pas se laisser envahir, puisque cela laisse le mal-être s’installer et on ne sait plus ce qui nous y a conduit. On s’embourbe dans un état d’apitoiement nocif qui nous immobilise. Mais, on a beau le savoir, il est difficile de ne pas tomber dans le piège pour autant.
Quand je suis frustrée, si j’essaye de rester positive, j’ai aussi compris qu’il ne faut surtout pas nier ce que je ressens, même si cela peut paraître dérisoire par rapport aux difficultés que d’autres personnes affrontent. Accepter qu’il y a un problème permet de prendre du recul sur ce qui se passe. C’est la première étape. Ensuite, il faut se demander pourquoi on réagit de la sorte et s’interroger sur les raisons qui se cachent derrière son émotion.
Par exemple :
– Je suis frustrée.
– Qu’est-ce qui se passe ?
– J’aimerais réussir dans l’écriture, mais je sais que ça prend du temps et j’en ai marre. Je pense que je ne vais jamais y arriver. Que tout ce que je fais ne sert à rien.
J’ai posé le problème de base. Le cercle vicieux autour duquel je tourne inlassablement, je peux à présent le visualiser.
Là je me sens un peu mieux, mais pas complètement. L’émotion est toujours présente. Je ne devrais surtout pas la bloquer. Alors je la laisse aller.
Je prends le temps de me calmer pour ne pas agir sous le coup de l’impulsion. Notamment, je me retiens d’aller vérifier ma boîte mails et son courrier indésirable pour voir si, par miracle, je n’aurais pas reçu de réponse positive.
Maintenant, que puis-je faire à la place ?
Je peux attendre encore un peu et éventuellement m’autoéditer pour commencer à me faire connaître et avoir des premiers retours ; je peux continuer à écrire (et à lire), parce que c’est la seule façon qui existe pour m’améliorer ; je peux enchaîner les projets en me disant qu’à un moment ou à un autre, ça marchera, car je me bats pour et que je suis passionnée par ce que je fais. De nombreuses personnes me disent que j’ai du talent, je vais les croire, et croire en moi. En redoublant de détermination et de persévérance, forte d’une confiance renouvelée, je me donne le pouvoir de ne pas abandonner.
Le reste (l’attente, les rejets), je me résous à l’accepter, même si cela peut être désagréable.
Tout compte fait, une frustration en apparence négative se transforme en une force constructive pour aller de l’avant. Il a suffi d’un pas de côté. Un pas de géant.
L’esprit recèle de richesses étonnantes. L’empreinte qu’il laisse est beaucoup plus belle et imposante que celles de nos pieds qui empruntent constamment le même chemin sous l’emprise de la frustration. En sortant des sentiers battus, on élargit son horizon et on se rend alors compte de tout ce que l’on a accompli, que du positif existe, et que l’on peut s’appuyer dessus pour agir par la suite. De cette manière, on arrive à faire de ses frustrations un moteur de changement.
Si l’on a des difficultés, il ne faut pas hésiter à échanger avec les autres. Cela nous permet de confronter nos expériences et de s’apporter des réponses auxquelles on n’aurait pas forcément pensé.
Enfin, considérer ce qui est le plus important aide à faire diminuer la frustration. Si je me plains parce que « je ne peux pas mener la vie sociale que je veux », je pense que ma famille et mes amis sont en bonne santé, qu’avec mon époux et ma fille, nous n’avons jamais été aussi proches, et que je peux tout de même voir d’autres personnes, bien que cela soit limité. C’est déjà très bien, et ça va déjà mieux en l’écrivant.
En résumé, face à la frustration :
– Je la reconnais.
– Je prends mes distances et je cherche à la comprendre.
– Je la laisse s’exprimer.
– Je reprends mon calme.
– Je m’interroge sur mes besoins et ce dont j’ai envie.
– J’agis ce sur quoi je peux agir, en prenant mon mal en patience.
– J’accepte ce sur quoi je n’ai aucune influence.
– Je me tourne vers les autres.
– J’en reviens à l’essentiel.