Un temps pour soi

apprécier la solitude

Un temps pour soi

Apprécier la solitude, c’est parvenir à être bien avec soi-même. On cesse d’avoir peur de sa propre compagnie pour se réapproprier son univers. On cesse d’être « rien » pour redevenir une personne à part entière. 

Un temps pour soi

Apprécier la solitude

Le vide

 

Auparavant, il m’aurait été impensable de me dire, je vais sortir prendre l’air, sans autre compagnie que la mienne, parce que ça me fait du bien. Les rares fois où je me retrouvais seule, je me sentais immédiatement mal à l’aise, nerveuse, et facilement angoissée. Je devais agir pour ne pas penser, retardant tant que je pouvais le moment de m’endormir qui constituait, systématiquement, une terrible épreuve. J’avais non seulement peur d’être abandonnée, j’avais aussi peur de m’abandonner.

Mon époux ne cessait de me rassurer. Je t’aime, plus que tout, je pense à toi et j’ai hâte de te revoir, même quand je suis loin, je reviens toujours, tu es en sécurité à la maison, ne t’inquiète pas. Si, au fond, je savais que tout ce qu’il disait était vrai, il y avait toujours cette petite voix qui me persuadait du contraire. Je voulais le croire, mais je n’y arrivais pas, parce que je ne croyais pas en moi. J’avais beau ne pas être malade, le vide était déjà là.

Une infinie richesse intérieure

Imaginez une version rapetissée de vous-même écrasée par un monstre qui vous ressemble. C’est un peu comme cela que je vois la dépression. Finalement, même si les autres sont toujours là pour vous soutenir, la seule personne qui vous aidera à vous en sortir, c’est vous. Et, contrairement à ce que l’on peut penser quand on est dans cet état-là, cette personne recèle beaucoup plus de richesses qu’on ne l’aurait imaginé. Vous recelez beaucoup plus de richesses que vous ne l’auriez imaginé. Ces richesses, ce sont elles qui vous sauveront, parce qu’elles donnent du sens et qu’elles représentent cette substance dont vous avez tant besoin pour vous relever.

Se retrouver

 

Afin de retrouver ces richesses, il est nécessaire de se retrouver soi et pour cette raison, il importe de passer du temps seul. Il n’est plus question de se reposer uniquement sur les autres ou de vivre pour eux, voire même à travers eux ; sinon, on n’y arrivera pas.

Évidemment, cela n’a rien évident. Quand on a adopté un mode de fonctionnement très longtemps, il est difficile de s’en défaire. Quand on s’est habitué à se fuir en permanence, prendre une pause, se retourner, ouvrir la porte et regarder en face peut être effrayant. On a peur de soi parce qu’au fond, on ignore qui on est réellement. En même temps, pour le savoir, la seule solution, c’est de prendre son courage à deux mains et de plonger dans le bain sans réfléchir à deux fois avant.

Au début, on nage en eaux troubles. On ne voit pas grand-chose. On est surpris, puisqu’on se dit, moi qui croyais qu’il n’y avait que du vide, en fait cela m’a l’air bien rempli. Et on réalise que le néant n’existe pas, mais qu’il s’agit plutôt d’un immense désordre à retourner de fond en comble et à réorganiser, en déterrant ce qui est caché, en faisant le tri, et en laissant moins de place aux lourdeurs du passé pour faire entrer l’essence même de son présent.

Apprécier la solitude, apprécier sa compagnie

Les premières fois, je me sentais déboussolée. La plupart du temps, je sortais marcher pour me perdre dans le labyrinthe de mes pensées. Puis, j’ai appris à ralentir. La thérapie m’a aidé à y voir plus clair et, peu à peu, à me redonner goût à certaines choses. Des choses rien que pour moi. Je me rappelle ce jour où j’ai demandé à ma grand-mère si elle pouvait m’apprendre à tricoter. Celui où je me suis remise à dessiner. Celui où j’ai repris la lecture. Celui où je me suis lancée dans un puzzle de mille pièces. Celui où j’ai réussi à me promener sans me presser. Et surtout celui où je me suis dit, je veux écrire.

À mesure que le temps passait, j’ai appris à apprécier ma compagnie et à trouver du réconfort dans ce que je faisais. Parce qu’enfin, je développais un univers qui m’était propre et que je parvenais à chérir.

Une part de vrai

Cette expérience en solitaire a été déterminante pour renforcer mon estime et ma confiance en soi. Maintenant, quand je reçois un compliment, quand on me dit un mot d’amour, cela me va droit au cœur. J’ai arrêté de dire, non, ce n’est pas vrai. Les autres me l’affirment, alors il doit y avoir une part de vrai.

Si j’ai réussi à avoir moins peur de la solitude et de l’abandon, c’est grâce à cela.

 

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.