06 Fév Se lâcher
Sortir de sa réserve apporte une énergie positive qui aide à se dépasser. La joie que l’on en retire est comme une bouffée d’air frais. Se lâcher est bénéfique, tant pour le moral que l’estime que l’on se porte. Parce qu’en faisant fi du regard des autres, on est libre d’être soi.
Se lâcher
Sortir de sa réserve
Il fallait oser
Après avoir enflammé mes mollets sur un vélo elliptique, j’étais tranquillement en train de me changer au vestiaire quand une femme est entrée dans la pièce. Nous nous sommes contentées d’un simple bonjour. Les écouteurs aux oreilles, elle évoluait dans son univers, dodelinant de la tête en formant le signe de l’infini, un sourire grand jusqu’aux oreilles. Quelques minutes passèrent. Et elle brisa le silence.
« I need a miraclleeeeeeeee ! Oh life is beautifuuuuuuuuuulll ! ». Les paroles ne correspondent pas à la réalité (faute de m’en souvenir exactement), mais la tonalité y est. Sa voix portait jusqu’au bout de la salle pour couvrir la musique dont le volume était réglé à fond sur son téléphone, comme quand on se sent obligé de parler fort parce qu’il y a beaucoup de bruit autour de soi alors que la personne à l’autre bout du fil nous entend parfaitement. Elle ne chantait pas juste, mais tel n’était pas son but. Elle s’est lâchée, tout simplement, faisant abstraction de ma présence et répétant inlassablement, « I need a miraclleeeeeeeee! Oh life is beautifuuuuuuuuuulll! ».
Sortir de sa réserve, c’est sortir de soi
Je souriais intérieurement, brûlant d’envie de prendre son exemple, sans en avoir le cran. Pousser la chansonnette en compagnie d’inconnus, je n’ai pas encore osé. Mais s’extérioriser d’une façon ou d’une autre, ça, je l’ai expérimenté, et ce tout au long de mon chemin de guérison. Qu’est-ce que ça fait du bien !
À plusieurs reprises, dans une très grande salle de sport où le son émane uniquement des machines en mouvement et de la musique faite pour bouger, parce que la majorité des gens présents reste silencieux et ô combien concentrés, mon rire a retenti. Une blague à la radio ou une scène cocasse dans une série (tout ça depuis mon téléphone), et je me déridais. Au début, je me suis dit, ouh là arrête c’est la honte, avant de me reprendre, mais non, tu as envie de rire, alors, lâche-toi ! Les fois suivantes, je n’ai pas réfléchi à deux fois avant de m’esclaffer.
La magie de l’enfance
Grâce à ma fille aussi, les occasions de dépasser ma timidité sont nombreuses. Dans les rayons du supermarché, quand nous nous mettons à danser. Au parc, quand je fais des imitations de ses personnages préférés (un singe, un dragon et un alligator). Dans la rue, quand je lui chante des comptines. Tout est bon à prendre pour s’amuser.
– Maman, chante-moi une chanson.
– Non, ma chérie, nous sommes dehors, je ne peux pas.
– Pourquoi ?
– C’est vrai, je ne sais pas.
Ne trouvant pas de réponse à sa question, je me suis lancée dans une interprétation enjouée de « Ah les croco, ah les croco, ah les crocodiles ». Si nous croisions des personnes sur notre route, je n’y prêtais pas d’importance, car toute mon attention était dirigée vers ma fille. La bouffée d’air frais que j’ai ingérée ce jour-là m’a fait pousser des ailes. Je me sentais bien.
Rugir comme des lions
À la maison, cela marche aussi. En famille, il nous arrive de danser ensemble. De chanter de l’opéra. De rugir comme des lions (si vous avez de la colère à évacuer, essayez, l’effet est puissant). Hier encore, en me préparant, j’ai chanté et dansé sans compter, sur de la bonne musique pop survitaminée. Malgré la quantité nulle de caféine qui circulait dans mon sang, j’ai commencé ma journée sur le bon pied, rien qu’à coup de « yeah yeah yeah » et de quelques déhanchements. J’ai trouvé que ce n’était pas très cher payé et drôlement efficace.
Sortir de sa réserve, c’est se rapprocher de soi
Sortir de sa réserve habituelle, narguer son embarras, faire fi du regard des autres, agrémente l’existence d’une singularité salutaire. Notre originalité nous rapproche de qui nous sommes, dans la plus grande sincérité, sans faux-semblant et a priori. Et même si la joie que l’on en retire, c’est juste sur le moment, ce n’est pas grave, une dose d’énergie positive à revendre, c’est déjà ça de pris.
Les bénéfices sont aussi évidents pour l’estime de soi. Arriver à se tourner en ridicule sans craindre de briser son image va de pair avec le fait que l’on s’apprécie davantage pour ce que l’on est.
Finalement, cesser de prendre tout au sérieux permet d’embrasser son quotidien avec plus de légèreté et de liberté ; une liberté essentielle face aux carcans que voudrait nous imposer une société davantage tournée vers l’image et l’apparence que l’esprit et la fantaisie.
Si je n’avais qu’un conseil à donner, ajoutez une touche d’excentricité dans le cocktail de votre vie !
Héléna DAHL
Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.