Écrire pour guérir

L'écriture

Écrire pour guérir

L’écriture possède de nombreuses vertus. Libératrice, créatrice, émancipatrice, elle canalise les pensées débordantes et sublime les émotions. En apaisant le mental, elle aide à guérir de la dépression. Pour moi, elle a été salvatrice.

Écrire pour guérir

L'écriture et ses vertus

Et l’écriture, vous pourriez essayer? 

 

Au déclenchement de ma dépression, je me sentais comme enfermée dans un énorme ballon en train de dégonfler. Malgré son inconfort, je n’avais pas envie d’en sortir, ou plutôt, j’avais peur. Repliée sur moi-même, je me roulais en boule, privée de toute force pour sortir de cet état d’apathie qui m’affaiblissait de jour en jour.

Mon médecin m’avait dit, essayez de vous faire du bien. Mais moi, je n’avais envie de rien. J’étais perdue, dans le marasme de mes pensées, désespérée, face à tant de morosité, dépitée de ne plus pouvoir avancer, même pour faire deux pas.

– Et l’écriture alors, vous pourriez essayer ?

– Comment ça ? Un journal ?

– Oui. À qui vous partageriez votre état d’esprit, vos doutes et vos tourments.

Avec beaucoup de peine, j’ai sorti un carnet et un stylo. Et j’ai commencé à écrire, pensant, qu’est-ce que cela va être difficile, mais essayons quand même, je n’ai rien à perdre et tout à y gagner.

 

Vider tout son sac

 

Parmi les dizaines de pensées qui se chevauchaient dans ma tête, j’en ai isolé une. Puis une autre. Et une autre. Le processus s’avérait étonnamment fluide. Je n’avais pas à réfléchir, cela ne me demandait aucun effort, je ne commandais plus rien. Le fouillis qui se formait sur le papier allégeait le désordre qui régnait dans mon mental. J’ignorais où cela allait me mener et finalement, peu importait. Ce qui comptait, c’était d’avoir trouvé un moyen de vider mon sac, tout mon sac, sans filtre, sans honte, sans état d’âme, et de canaliser ce flot de paroles incessantes qui zigzaguait dans mon intérieur.

 

Peindre les mots

 

Peu à peu, je me suis souvenue. Que, quand j’étais petite, j’avais écrit des ébauches de livres. Des cahiers et des cahiers d’histoires. Je me suis souvenue que j’aimais les mots. J’aimais les manier, les assembler, les sublimer, les colorer, les peindre. Ils étaient mon meilleur moyen d’expression. Je me suis souvenue aussi que j’avais commencé à écrire un roman, pour raconter mon histoire, celle de ma sœur et moi et mes parents, mais que je n’étais jamais parvenue à dépasser le stade du premier chapitre, parce que j’étais bloquée, désespérément, incapable de ressortir la moindre émotion, si ce n’était la colère, une colère profonde et dévastatrice.

Ma thérapie a commencé. Et, incroyablement, malgré l’état dans lequel je me trouvais, j’ai enfin réussi à l’écrire, ce premier roman. L’effet a été radical, je le décris plus longuement ici.

 

Le carnet et le stylo, des compagnons de route

 

En parallèle, je continuais à m’épancher sur mon carnet. J’en avais un grand et un petit, que j’emportais partout avec moi. Malgré le temps relativement frais, je m’asseyais dehors et j’écrivais. Parfois, je sentais les larmes monter. Parfois, l’indignation. Parfois, la peur face à ce qui pouvait ressortir de moi. Je m’arrêtais quand cela devenait difficile à supporter. Lorsque j’en ressentais à nouveau le besoin, je m’y remettais.

Sur les conseils de ma psychologue, je me suis mise aussi à écrire de façon plus structurée, à travers des « exercices » à faire au quotidien dont nous parlions en séance. Par exemple, je devais choisir trois choses qui m’ont fait du bien dans ma journée, dresser une liste d’occasions où j’ai réussi à surmonter une émotion négative, ou alors noter mes rêves. C’était bien simple, je ne pouvais plus me passer de mon stylo.

 

L’écriture, pour s’aider et aider les autres

 

Et puis, j’ai commencé ce blog. Je me suis mise à écrire dans l’espoir d’aider les autres, en sachant que cela me ferait du bien également, pour mettre mes idées au clair, sublimer mes émotions (à travers des poésies notamment) et me faire des piqûres de rappel de temps en temps. Par exemple, l’autre jour, je me suis surprise à aller très vite dans mes mouvements, pour sitôt me dire, souviens-toi de ce que tu as écrit sur l’importance de prendre son temps.

Finalement, j’ai le plaisir de vous annoncer que je viens de finaliser un deuxième roman, plus spécifiquement sur la dépression. Dès qu’il sera disponible, je serai très heureuse de le partager avec vous.

 

Aujourd’hui, l’écriture fait partie intégrante de ma vie, je dirai même qu’elle lui a redonné un sens et que, à sa manière, elle m’a sauvée aussi.

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.