STOP – une manière de gérer l’anxiété

gérer l'anxiété

STOP – une manière de gérer l’anxiété

Gérer l’anxiété peut représenter une difficile épreuve. Pour l’illustrer, j’ai écrit ce texte, que j’ai le plaisir de partager avec vous; ci-dessous mais aussi lu par mes soins dans cette vidéo en images.

STOP - une manière de gérer l'anxiété

Son casque sur les oreilles, Gina dodeline de la tête. Elle aurait envie de chanter tout haut mais elle n’ose pas. Recluse dans sa bulle, elle foule le trottoir avec légèreté, calquant ses pas au rythme entraînant de la chanson qu’elle écoute. La rue baigne dans le silence ; tout du moins c’est ce qu’elle croit, puisque, hormis la musique, elle n’entend rien d’autre que son cœur qui bat. Le soleil brille avec intensité. Faute d’avoir des lunettes pour les protéger, ses yeux se plissent. Cela ne la dérange pas. Gina continue à avancer ainsi, à tâtons et en cadence, jusqu’au moment où elle traverse le passage piétons, le regard fixé en avant. Uniquement en avant.

Soudain, au milieu de la route, en une fraction de seconde, son corps se fige. Elle l’a sentie ; la frôler, passer à toute vitesse comme un nano-soupir, rugissant, sous un air de défi, mastodonte de métal rutilant prêt à tout détruire. Gina croit qu’elle va défaillir. Trois centimètres viennent de se dresser entre elle et un accident.

Lorsqu’elle atteint l’autre côté de la rue, et qu’elle interrompt sa course, elle peine à respirer correctement. Sitôt, elle rabaisse son casque. Les jambes tremblantes, elle continue son chemin. Elle a beau se trouver en sécurité, elle n’en est pas moins rassurée pour autant. Assaillie par les tensions, elle laisse la porte ouverte à son imagination.

« J’aurais pu finir à l’hôpital. »

« J’ai failli mourir. »

« Il s’en est fallu de peu pour que je mette en danger mon fils. »

« Pourquoi est-ce que j’ai gardé mon casque réglé à plein volume ? »

« C’est la dernière fois que je fais ça. »

« J’ai failli mourir. »

Les pensées s’enchaînent et se répètent. Pendant ce temps-là, la fréquence cardiaque augmente à un rythme insoutenable. Le plexus solaire se resserre. Le ventre se contracte. En proie à une forte nausée, Gina marche dans un corps qui ne lui appartient plus. Elle est là sans être là. Elle ne fait plus attention au paysage environnant. Et il s’en faut de peu pour qu’elle percute un panneau de signalisation au carrefour suivant.

Étourdie, elle se redresse. STOP.

« Stop. Stop. Stop, répète-t-elle. »

Elle prend une profonde inspiration, expire longuement et baisse les yeux. Tout semble intact. Aucune trace de sang, aucun bleu, pas la moindre égratignure. Ensuite, elle considère les alentours. Des arbres en fleurs alignés sur le trottoir, un vélo qui circule, des oiseaux qui chantonnent. Le ciel bleu devenu le terrain de jeu d’un banc de nuages. Une voiture arrive au loin, mais Gina n’a rien à en craindre. Elle ne se trouve pas au milieu de la route avec son casque.

À l’intérieur, sa tête se repait d’un instant d’accalmie. Mais, au passage d’une moto dont le moteur vrombit sur le bitume, la tempête reprend aussitôt ses droits. À présent, la main reposant sur le poteau du panneau STOP, Gina ferme les yeux. Et, parce qu’elle est maintenant en mesure de se détacher du flot de ses pensées, elle prend quelques centimètres de recul – sans bouger un pied.

Cela lui permet de mieux visualiser la situation qui la tourmente, pour penser aux faits, rien qu’aux faits, tels qu’ils se sont produits, et non déformés à coup de subjonctifs et de prévisions catastrophistes en tout genre.

Que se passe-t-il ?

J’ai failli me faire renverser par une voiture.

Comment est-ce arrivé ?

J’avais mon casque sur les oreilles et je n’ai pas regardé autour de moi.

Est-ce que tu es blessée ?

Non.

Est-ce que ton enfant est blessé ?

Non.

Et ?

Il n’était même pas présent avec moi.

Comment te sens-tu ?

J’ai peur.

De quoi ?

Que cela se reproduise à nouveau. Que cela soit encore pire la prochaine fois.

Tu ne peux pas contrôler l’avenir. Que peux-tu faire, pour de vrai ?

Redoubler de vigilance la prochaine fois que je traverse la route.

Bingo. Ça va mieux ?

Un peu.

N’oublie pas de respirer. Et de t’accrocher à ton présent. Si ça repart, pense à moi. Insignifiant panneau STOP du carrefour juste à côté de chez toi.

 

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.