Respire

J’adore l’air!

– Maman, j’ai une bonne idée, on prend une échelle et on peint le ciel et les nuages de toutes les couleurs.

– Tu as raison ma chérie, c’est vrai que c’est un peu gris là-haut.

Munie de nos pots de peinture, nous effectuons une paisible ascension. Et, arrivées au sommet, nous nous mettons au travail. Du rouge, du jaune, du orange, du rose, du vert, le paysage se réenchante sous nos yeux. La vie resplendit de partout. De là où nous nous trouvons, tout le reste, les tergiversations, les préoccupations, les attestations, les irritations, semble dérisoire.

– C’est bien mieux comme ça, tu ne trouves pas mon poussin ?

– Attends, j’ai presque fini. Voilà. C’est magnifique !

Au moment où nous nous apprêtons à redescendre, un courant d’air frais décoiffe nos cheveux. Heureusement, nos échelles sont ancrées solidement au sol.

– Tout va bien ma chérie ?

– Oui ! J’adore l’air ! s’exclame-t-elle en riant.

Je m’imprègne de l’instant allègrement.

– Profitons-en et respirons lentement, dis-je.

Ça veut dire quoi la respiration?

– Ça veut dire quoi respirer ?

Je souris. Il me faut un petit temps de réflexion avant de répondre.

– On respire tout le temps ma puce. Quand tu es née, c’est la première chose que tu as faite. C’est quand l’air rentre par ton nez ou par ta bouche, circule dans ton corps, et sort par le chemin inverse. C’est ce qui fait que tu es en vie.

– Pourquoi tu dis de profiter de l’air, si on respire à chaque fois ?

– Parce que, souvent, on oublie que l’on respire. On va tellement vite que l’on manque d’air. Par exemple, quand on ressent des fortes émotions, on se sent oppressé. Et le souffle se hache, de cette façon.  

Je lui montre, elle m’imite.

– Ah oui, c’est pas agréable. Comme quand j’ai la colère.

– Exactement. Quand tu cries ou quand tu pleures, même quand tu boudes, tu respires mal. Et, toujours, quand tu es calmée, tu respires mieux.

– Oui mais, c’est dur pour les petites filles de penser à la respiration quand on a les émotions.

– Eh bien nous, les grands, on est là pour vous aider.

Se rappeler de respirer

En même temps, nous les grands, on a aussi du mal à se rappeler de respirer.

Pourtant, face au stress et à l’anxiété, ou à toute autre émotion encombrante, la respiration est là pour nous aider.

Imaginons, je suis perdue dans le flot de mes pensées, je suis partie loin de là où je me trouve, en vrai, assaillie de « et si », « ça se passera mal », « c’est la catastrophe », et de conditionnels en cascade.

Ou alors, je bouillonne. Je suis submergée. Je me sens exploser. Les larmes montent. J’ai envie de répondre à quelque chose qui me tracasse ou m’agace, une remarque qui m’a heurtée, mais ça part dans tous les sens.

Mon cœur bat très vite. Je suffoque. Une petite voix commence à me parler.

Prendre du recul

Si possible, isole-toi. Arrête-toi. Ferme les yeux. Reste en toi. Prends une profonde inspiration. Au moins cinq secondes. Lentement. Expire de la même manière. Recommence, plusieurs fois, pendant quelques minutes. Rouvre les yeux. Regarde autour de toi. Intéresse-toi aux points d’appui de ton corps. La face postérieure qui s’enfonce dans le lit, si tu es allongée. Les pieds reposant par terre, les jambes sur la chaise, le dos sur le dossier, si tu es assise. Les pieds qui s’appuient au sol, si tu es debout.

Dans ta tête, dis-toi, il est telle heure, je me trouve dans mon salon, je suis en vie, et quel que soit ce que je suis en train de ressentir, cela passera. Continue à respirer.

Considère ce qui est réellement et quels sont tes moyens d’action pour t’apaiser. Continue à respirer. Tu ne vois pas tout ? Ce n’est pas grave. C’est normal. N’agis pas dans l’urgence. Prends du recul. Lâche prise. Mets cela de côté. Tu y repenseras plus tard. Continue à respirer.  

Mon esprit est plus clair. Je commence à comprendre ce qui me tourmente. Je respire plus posément. Cela va déjà un peu mieux.

La respiration, une source de bien-être inépuisable

La respiration est une précieuse alliée qui nous offre une source de bien-être inépuisable, et pas uniquement pour se calmer face aux contrariétés. Avant de se coucher, au réveil, en marchant, à tout instant de la journée. S’arrêter de temps à autre permet de se recentrer et de s’ancrer dans son présent, de garder les pieds sur terre et de se rappeler à soi. On se débarrasse de ses toxines, on fait de la place, l’air chasse le négatif, on a les idées au clair, la pression qui nous poinçonnait la poitrine se dissout et on retrouve sa liberté.

– On redescend ma princesse ?

– Attend Maman, je respire, et on y va.