Ton sanctuaire

bien dans son corps

Ton sanctuaire

Bien dans son corps, bien dans sa tête, et vice-versa. Dans les moments difficiles, on a tendance à l’oublier. Rappelons-nous que notre corps existe et prenons soin de lui. Il nous le rendra bien. 

Ton sanctuaire

Bien dans son corps

Chère toi,

 

Je sais à quel point les temps qui courent sont difficiles.

Je te sens tendue, gonflée, comme écrasée par un poids impossible à quantifier, et ça me fait mal. En même temps, je comprends. De la même façon que tes semblables, tu es transpercée par le doute. L’incertitude de l’avenir, le plus proche comme le plus lointain. La peur présente à chaque instant ; la peur de trop s’approcher des autres, même ceux qui te sont proches, alors que tu en aurais bien envie ; la peur de tomber malade et de ne pas savoir quel effet ça te ferait ; la peur qu’on restreigne davantage tes libertés. La peur, la peur, la peur, qui nourrit toujours plus ton anxiété.

Moi, j’en pâtis. En silence. Dans ces moments-là, j’ai le sentiment que tu m’oublies. Tu mets en marche le pilotage automatique, tu fonces, et je m’affole. Même quand tu crois te faire du bien, tu ne fais qu’enfoncer l’épine un peu plus profondément. Un peu de crème hydratante le matin pour nourrir ma peau ? Oui, certes, c’est agréable sur le principe, mais si tu expédies le geste, tu m’abrutis et je ne ressens rien. Pire, tu aggraves mon état, à cause de ton cœur que tu fais travailler à une cadence déconcertante, et qui me secoue plus fortement que le programme intensif de ta machine à laver.

Et puis, tu ne trouves pas que tu en fais un peu trop ? Le fait que tu aies tant de projets, c’est génial. Je ne dis pas le contraire. Mais tout de même. Vas-y mollo. Rien ne presse. L’horizon s’éclaircit. Tes progrès se sont toujours faits pas à pas. Ne cherche pas à brûler les étapes. Ne me fais pas sonner l’alarme une seconde fois.

Alors, s’il te plaît, pense à moi. Toi et moi, nous sommes alliés. Bien souvent, tu as besoin de moi pour comprendre ce que tu ressens. Tes émotions, nous les vivons ensemble. Nous avançons main dans la main. Si je flanche, tu t’égares. Si tu te sens défaillir, je perds pied également.

Alors, s’il te plaît, essaye de te détendre. Pour de vrai. Souviens-toi de lâcher prise, comme tu l’as déjà écrit à tant de reprises. Accorde-toi de vrais moments pour toi, qui ne soient pas liés à une quelconque performance. Juste pour te faire du bien. Fais de la place dans ta journée pour ce repos bien mérité.

Quelques minutes pour respirer et pour souffler, un temps de lecture, un rituel apaisé de préparation dans la salle de bain, du sport pour bien commencer la journée, des promenades, du dessin, tout ce qui peut t’apporter de la sérénité est le bienvenu. Et, je t’en prie, je t’implore, fais-le en conscience, de ton environnement intérieur et extérieur, lentement, sans bâcler quoi que ce soit ; somme toute, en m’habitant réellement, en réalisant que j’existe, non comme une enveloppe superficielle, mais comme ton sanctuaire, dont tu tires toute la force dont tu as besoin pour exister.

À présent, ferme les yeux. Tiens-toi debout, les pieds fermement ancrés au sol et les bras étendus le long du corps. Respire longuement. Le voyage peut commencer. Tes orteils fourmillent. Tu sens l’énergie qui circule ? Elle remonte par tes mollets, tes cuisses, s’installe dans ton bassin, pour se faufiler dans tes vertèbres lombaires, et emprunter le chemin de ta colonne vertébrale. Tout doucement, redresse-toi. Abaisse tes épaules. Fais ressortir ta poitrine. Laisse rentrer l’air par tes narines. Ton menton se penche légèrement vers l’avant pour étirer tes cervicales. Le sommet de ton crâne se détend, puis ton front, tes sourcils, tes lèvres, tes dents, et l’ensemble de ton visage. Si tu as besoin de le sentir, tapote-le avec tes doigts, doucement et légèrement.

Je me sens déjà mieux. Je te le fais sentir, reconnaissant de cette relaxation profonde que tu m’offres. Je souris, tu souris à ton tour. À cet instant, il n’y a plus que toi et moi qui compte. Le reste, on l’oublie.

Prends soin de nous, ma tendre amie.

Affectueusement,

 

Ton corps.

 

Héléna DAHL

Française résidant à Bruxelles, âgée de trente-trois ans, j’ai commencé ma carrière en tant qu’assistante parlementaire au Parlement européen. Animée par ma passion des mots, j’ai choisi de me lancer avec joie dans une aventure littéraire. En effet, écrire a toujours fait partie de moi, et ce dès le plus jeune âge. Mon premier roman, La nuit s’éveille et tout s’éclaire, est une œuvre de fiction basée sur mon récit de vie. Mon deuxième roman, Un homme vrai, raconte l’histoire d’un homme face à la dépression.