Recluse dans de lointaines contrées,
Je suis absente de tout côté,
Au dedans, au dehors,
Dans l’instant, dans mon corps.
Je suis une maison désertée,
Un avion sans pilote,
Un livre délaissé,
Une partition sans note.
Il suffit qu’un câble se branche,
Qu’une connexion s’établisse,
Pour que mon armure si étanche,
D’un coup s’étiole et rapetisse.
À cet instant, j’entends.
Les véhicules rugissant,
La valse des feuilles avec le vent,
Mes pas en rythme sur les pavés,
Le chant des oiseaux haut perchés.
Soudainement, je ressens.
Le pianotage de mes doigts
Les baisers de l’air sur mes joues,
Le spectacle de la vie en moi,
En elles, en eux, en ça, en tout.
Je n’ai rien bloqué ni contrôlé,
J’ai juste ouvert la porte en grand,
Déterminée à savourer,
Et à profiter de l’instant.