Sur un air de mélancolie

Le pouvoir des mots

Lorsqu’un chanteur célèbre se met à évoquer publiquement, à la télévision et à une heure de grande écoute, ses anciennes pensées suicidaires,

Quand il explique avoir réalisé qu’il n’était pas le seul à y être confronté, même s’il n’a pas pu s’empêcher de penser le contraire,

Et tandis qu’il choisit de ne pas se taire,

Au sujet de cet enfer,

De cette tornade qu’il a affrontée,

J’ai envie de lui dire, merci.

Merci, pour sa parole, libre et décomplexée. Elle est cruciale.

Chanter sa détresse pour la sublimer

Malheureusement, la santé mentale reste un sujet tabou. La dépression continue à éveiller les peurs. À être associée à une faiblesse de caractère, une faille de l’esprit. Pourtant, c’est une maladie. Une maladie qu’il ne faut pas craindre de nommer comme telle. Aujourd’hui, elle se répand dangereusement parmi nous, de manière d’autant plus virulente qu’auparavant, vu les temps exceptionnels que nous traversons. N’importe qui peut être touché, quel que soit l’âge, quelle que soit l’apparente force que nous exhibons. Dénigrer cette réalité ne nous prémunira pas contre elle. L’ignorer ne la fera miraculeusement pas partir. L’évoquer, échanger à son sujet, faire naître une prise de conscience, la déstigmatiser, y contribuera.

C’est pour cette raison que des témoignages tels que celui de Stromae revêtent un écho si puissant. Peu importe la forme, la manière dont il s’y est pris pour l’aborder. La seule chose qui compte, c’est le sujet en jeu. Ce sont ses mots, simples mais puissants, brodés au fil d’une mélodie captivante, qui ont résonné fortement chez nombreux d’entre nous.

Les vertus des musiques tristes

Cela a beau être paradoxal, mais dans les moments difficiles, des chansons empreintes de tristesse peuvent se révéler d’un soutien précieux. Parce qu’elles agissent comme un miroir, de nos émotions, de notre histoire, pour nous aider à entrevoir la flamme de l’espoir qui brûle dans le noir de notre mélancolie.

Lorsque j’ai écouté « Enfer », de Stromae, mes yeux étaient humides. Les couplets et la mélodie m’ont permis de revivre des émotions passées et de les sublimer. Je me suis rendu compte de tout le chemin que j’ai parcouru depuis quatre ans, et me suis rappelé que tant d’autres sont passés par ce que j’ai vécu ou y font face à présent. Cela n’a fait que renforcer ma conviction de l’importance de partager mon expérience pour planter des graines d’espérance chez celles et ceux qui me lisent. À présent que je suis remontée à la surface, j’ai envie de clamer, haut et fort, c’est possible, accrochez-vous. Vous y arriverez. D’autres l’ont fait avant vous. Si c’est une maladie, dont on ne guérit pas comme on guérit d’un rhume, comme le rappelle Orelsan dans son touchant « Jour meilleur », elle n’est pas une fatalité.

Du mal à la joie de vivre

Un des plus beaux morceaux qu’il m’a été donné d’écouter, c’est celui-ci : « Le Mal de vivre », de Barbara (Barbara « Le mal de vivre » | Archive INA – YouTube). Elle y décrit si bien la dépression, d’une manière tellement juste qu’elle vous bouleverse au plus profond de votre âme, avant d’aboutir à une conclusion merveilleusement optimiste, qui réussit à vous remettre du baume au cœur en un instant. Vous verrez que, derrière son apparente tristesse, cette chanson vous transportera, loin de là où vous vous trouvez, vers la lumière qui luit au bout du tunnel. Comme si les notes de la partition se laissaient pousser des ailes pour s’envoler à vos côtés.

Tout s’arrangera

Pour conclure, voici quelques vers d’un de mes poèmes, « Tout s’arrangera » (Espoir et renaissance – Tout s’arrangera – Héléna DAHL (helenadahl.eu))

« Et mon cœur qui m’implore,

S’il te plaît accroche-toi,

C’est la vie et la mort,

Qui glissent entre tes doigts.

S’il te plaît garde espoir,

Continue à y croire,

Un moment tu verras,

Tu seras sur la bonne voie,

Un moment tu verras,

Tout s’arrangera. »